En 2022, le CRIA a sensibilisé 22 agents des médiathèques de la Métropole de Montpellier à la problématique des publics en fragilité avec les savoirs de base et la langue française.
À plusieurs niveaux, les médiathèques sont des lieux propices à l’appropriation/réappropriation des savoirs de base et à la maîtrise progressive de la langue française par les publics concernés. Cabines de langues pour l’autoformation, fonds dédiés au FLE par exemple, animation d’ateliers de conversation, conseils individualisés et ressources en ligne, espaces et fabriques numériques contribuent aux parcours d’apprentissage qu’elles favorisent pleinement.
Ce sont aussi des lieux « ressources » sur lesquels peuvent s’appuyer celles et ceux qui accompagnent les publics en formation. Le rôle des acteurs du livre et de la culture que sont les agents des médiathèques sur notre territoire est dans ce domaine crucial.
Si cette sensibilisation a pu rappeler aux agents la question d’un accès parfois plus difficile à la culture de ces publics souvent qualifiés d’« éloignés » ou d’« empêchés », elle visait aussi à souligner avant tout l’opportunité de la proposition culturelle des médiathèques. Pour certains publics ayant un rapport « complexé » et même douloureux aux savoirs et à l’écrit, pouvoir renouer avec une estime de soi positive et bénéficier d’une entrée dans la langue et la communication plus proche du désir et du plaisir que d’une nécessité fonctionnelle et pragmatique n’est pas négligeable pour entreprendre de réapprendre à l’âge adulte.
Suite au partage d’une lecture commune en ce qui concerne la réalité des différentes situations vécues par les publics (illettrisme, illectronisme, analphabétisme, Français Langue Étrangère…) et leurs enjeux respectifs pour les personnes, certaines représentations, souvent collectives, ont pu vite être requestionnées.
Dans un esprit convivial, ce partage amène les agents à s’interroger sur :
- les procédures d’accueil et d’inscription, les aménagements d’espaces, la signalétique au sein des équipements,
- le fonds et les collections mis à disposition, des démarches telles celle du « Facile à Lire », ou s’appuyant au départ sur la culture orale (conte, audio-textes…),
- les types de médiation et d’animations au sein de la médiathèque et celles « hors les murs »,
- les espaces d’accès et de médiation au numérique, le numérique comme moyen d’accès à la langue et aux savoirs de base,
- les démarches s’appuyant sur la parentalité dans l’accès au livre (la majorité des publics en situation d’illettrisme a plus de 45 ans),
- le lien avec le territoire et les partenariats locaux, notamment avec les acteurs qui accompagnent les publics en fragilité avec les savoirs de base pour qu’ils fassent des médiathèques un lieu ressource pour leur action pédagogique.
Cette séance de sensibilisation ouvre, selon la plupart des agents, des perspectives sur la thématique et mérite des suites !
En effet, une fois dépassée la question de l’accès et du droit à la culture, il s’agit bien de faire que l’invitation dans les murs et hors les murs des médiathèques permette aux publics de «s’autoriser». De s’autoriser progressivement à s’emparer de ces équipements et services pour s’inscrire non pas seulement comme des consommateurs induits ou « prescrits » d’un service, ou dans le rôle d’un accompagnateur plus ou moins à l’aise de la scolarité d’un enfant, mais comme pleinement « sujets de culture » qui inclue les médiathèques dans une « praxis » socioculturelle évidente.